Pour les beaux jours, le Salève propose une foule d’offres spéciales
Les gérants de la «montagne des Genevois» voient grand pour attirer un public toujours plus large. Petit tour d’horizon.
Tribune de Genève Emilien Ghidoni

En bref:
- Le téléphérique du Salève étend ses horaires jusqu’à 22 h 45 les jeudis, vendredis et samedis.
- L’offre «Sunset Salève» propose cocktail et vue panoramique.
- Le site développe des visites guidées architecturales en réponse à une demande croissante.
Il y aura de l’animation au Salève ce printemps et cet été! La Société du téléphérique du Salève (STS) ainsi que les Panoramiques du Salève, entreprise gérant les restaurants et les espaces d’animation de la montagne, annoncent plusieurs nouveautés. Petit tour des événements et offres proposés pour la saison d’été (du 1er avril au mois d’octobre) alors que les beaux jours reviennent.
Première annonce marquant la volonté des deux entreprises de renforcer l’attractivité du lieu au-delà des randonneurs: les restaurants et le téléphérique sont désormais ouverts jusqu’à 22 h 45 chaque jeudi, vendredi et samedi.
Plusieurs nouvelles offres ont aussi été lancées. Parmi elles, on retrouve le ticket «Sunset Salève», qui permettra d’admirer le coucher du soleil au sommet de la montagne, avec un aller-retour en téléphérique et un cocktail au Café 1100, chaque jeudi, vendredi et samedi soir, à partir de juin, pour 20 euros.
Tourisme architectural
Notons aussi l’existence d’un billet combiné pour les férus d’architecture. Le ticket «Exploration architecture» offre, en plus de l’aller-retour en téléphérique, une visite guidée de l’édifice abritant l’arrivée du téléphérique. Ce dernier a récemment été décoré du prix de l’Équerre d’argent.
Pourquoi une telle multiplication d’offres spéciales? Cela faisait partie des conditions de l’appel à projets pour reprendre les espaces de restauration après la rénovation du lieu entre 2021 et 2023. Mais selon les gérants, il existe une vraie demande pour ce genre d’animation depuis bien longtemps.
«Il y a un nombre grandissant de visiteurs hors du profil type des randonneurs, cela nous a même un peu surpris, explique Laurent Laporte, directeur associé des Panoramiques du Salève. De nombreux férus d’architecture viennent d’eux-mêmes voir le téléphérique depuis longtemps. Ils nous ont plusieurs fois demandé si des visites guidées existaient.» Quant à l’offre «Sunset», Laurent Laporte indique qu’elle répond aux souhaits des visiteurs souhaitant pouvoir admirer la vue à la tombée de la nuit, de plus en plus nombreuses.
Et les chiffres appuient ses dires: pour la saison 2024-2025, le lieu a vu sa fréquentation augmenter de 10%. La hausse a même atteint 47% en janvier 2025.
«C’est bien plus qu’une montagne»
Enfin, deux offres «Évasion» font leur apparition. L’une, dédiée aux amateurs de bonne chère, associe un déjeuner complet au sommet et un billet pour le téléphérique. Elle est proposée du mercredi au vendredi midi (hors jours fériés). La seconde est pensée pour les sportifs: elle combine un billet pour le téléphérique et une séance d’escalade encadrée.
«Aujourd’hui, nous sommes bien plus qu’une montagne pour randonneurs. Nous voulons permettre à l’ensemble de la population de profiter du lieu», résume Laurent Laporte. Il rappelle toutefois que les habitués de la montagne seront toujours les bienvenus et font partie de l’âme du lieu.
Le mont des Genevois accueillera aussi plusieurs événements festifs. Citons notamment la Fête transfrontalière acoustique le 25 mai et la Fête de la nature le lendemain. Les Panoramiques du Salève organisent aussi la toute première édition du Festival d’été les 27 et 28 juin, événement gratuit où se produira «une grosse tête d’affiche», nous assure le directeur associé des Panoramiques du Salève.
Charmer les entreprises
Une programmation ambitieuse, qui va aussi chercher du côté des entreprises. «Près de 50% de notre business plan repose sur les séminaires et autres sorties d’entreprise. Ces derniers nous permettent d’être rentables aussi en semaine et lors des jours de mauvais temps, lorsque les autres clients manquent à l’appel.»
L’autre moitié des clients se compose essentiellement de touristes, mais aussi d’une grande part de Genevois. Et les exploitants ne comptent pas s’arrêter là. «À l’avenir, nous voulons aussi aller chercher des visiteurs dans les autres cantons, du côté de Vaud et même du Valais», expose Laurent Laporte.
Un autre grand défi sera d’attirer les familles françaises. Car elles sont moins nombreuses que les Suisses sur le Salève. «Par exemple, nous proposons aux habitants d’Annecy de venir admirer un autre lac que le leur, même si ce dernier est très joli», sourit le responsable des Panoramiques du Salève.
Villes et Nature
Pour leur équilibre et la qualité de vie des habitants, les agglomérations urbaines devraient être entourées par de véritables couronnes naturelles. Genève et sa zone urbaine transfrontalière franco-suisse bénéficient heureusement de beaux massifs montagneux français, le Jura, le Vuache, les Voirons et le Mont-Salève.
Ce site a été créé en 2002 par la Fondation FEDRE durant l’Année internationale de la Montagne décrétée par l’Assemblée générale des Nations Unies, pour aider à faire connaître et à préserver ce patrimoine naturel exceptionnel que représente le Salève.
Au Salève, la FEDRE, dans le cadre de son programme régional Diamant Alpin, soutient surtout les déplacements à pied et ensuite les transports publics (téléphérique et autobus) pour réduire la circulation automobile et mieux permettre aux citadins de découvrir la nature et de la protéger.

On ne vieillit plus. On sait aujourd’hui gommer les rides du temps, et ainsi, à 80 ans, notre téléphérique est pimpant. Le célébrer, c’est rappeler le sens de son existence et, à certains égards, celui de sa survie.
Pour gravir le Salève autrement que par ses sentiers, et sans efforts, on ne manqua pas d’audace. Dès 1892, un chemin de fer électrique à crémaillère avant-gardiste précéda le téléphérique. En 1932, ce dernier apporta modernité et rapidité pour gagner ce balcon unique du bassin lémanique. Mais il tua le train et faillit mourir aussi.
Sans lui, la route aurait totalement triomphé, au mépris total de l’exceptionnel patrimoine naturel que représente le Salève aux portes de Genève, cet immense parc naturel montagnard, facteur d’équilibre écologique pour la ville et toute une région.

Vous verrez aussi que l’existence actuelle du téléphérique tint à l’obstination que nous avons eue à en défendre le maintien. Sa disparition n’émouvait pas tout le monde. Nous frôlâmes à plusieurs reprises sa fermeture. En rendant politiquement incorrect son abandon, nous pûmes neutraliser les acteurs politiques hostiles ou indifférents qui ne prirent pas le risque d’altérer leur image en s’y opposant. Ainsi, cahin-caha, grâce aux plus convaincus d’entre eux, Genevois et Savoyards mirent leur main au porte-monnaie et assumèrent leurs engagements financiers.
Vous l’avez compris, le téléphérique n’est pas une finalité, mais un moyen. Il s’inscrit dans une approche de mobilité douce. C’est parce que celle-ci s’impose sur un tel site qu’en 2002 la FEDRE (Fondation européenne pour le développement durable des régions) prit l’initiative d’inscrire dans son programme intitulé « Le Salève autrement » la mise en place de navettes gratuites parcourant la crête du Salève, de l’arrivée du téléphérique au hameau de La Croisette.
En parcourant les images marquant l’histoire du Salève, nous aimerions sans nostalgie remonter le temps. Le Salève, ses villages et hameaux furent naguère bien plus vivants. Ses habitants sont maintenant plus nombreux, et pourtant des restaurants, épiceries, boucheries, tabacs ont disparu du paysage. Monnetier-Mornex comptait autrefois des hôtels ; on y a vu une piscine, une patinoire. Une trentaine d’ânes promenaient les visiteurs depuis Monnetier, les Treize-Arbres ou à l’arrivée du téléphérique. Sans route carrossable pour accéder au sommet, point de bousculade ou de moteurs vrombissants. Tout était douceur et beauté. Le Salève, avec ses sportifs marcheurs et grimpeurs, ses scientifiques botanistes, ses aventuriers spéléologues, ses touristes, s’animait dans le calme et en harmonie avec la majesté de l’environnement.
Les 80 ans du téléphérique nous donnent l’occasion d’exprimer des espoirs et une vision porteuse d’audace pour l’avenir du Salève.
L’espoir est de voir cet immense parc naturel au cœur de ce qui est devenu un centre urbain transfrontalier, une agglomération, préservé dans sa dimension environnementale, avec sa flore et sa faune, ses forêts, ses champs sauvages, ses pâturages qui accueillent les troupeaux lors de leur transhumance estivale, et notamment le cheptel genevois.
Notre vision n’en fait pas une zone interdite, mais il s’agit, pour préserver ses précieux biotopes, de la protéger des pressions excessives. Le Salève doit être ouvert et accessible à tous, mais avec précaution. Des constructions sur ses hauteurs le dénatureraient. En principe, les dispositions légales arrêtées le protègent. L’absence d’un réseau d’eau potable freina bien des ardeurs de promotions immobilières.
Après les efforts entrepris qui ont permis aux collectivités publiques concernées d’assurer la pérennité du téléphérique, le moment est venu de donner un nouveau souffle ambitieux visant à développer les diverses potentialités écologiques,
économiques et sociales du Salève. Dès lors que l’importance du patrimoine naturel du Salève a été reconnue, il ne serait pas cohérent de s’abstenir de prendre enfin des mesures limitant la circulation routière. Les exemples allant dans cette direction ne manquent pas. La réalisation, par les spécialistes suisses de l’industrie ferroviaire de montagne, d’un chemin de fer électrique à crémaillère au Puy-de-Dôme, s’inscrivant dans un programme de développement durable, supprimant l’accès routier, protégeant la nature et générant de nouvelles activités économiques peut être un exemple pour le Salève.
Un concept de transports publics attractifs couvrant l’ensemble du Salève et ses accès s’impose. Il doit au minimum maintenir les navettes sur la crête, mais pourrait être complété par une ligne entre Collonges-sous-Salève et La Croisette.
Le projet apportant les changements les plus fondamen- taux consiste donc à concevoir un investissement substantiel pour rétablir le chemin de fer électrique à crémaillère per- mettant, depuis Veyrier, d’atteindre après un très beau par- cours le haut de la montagne en offrant une vue sur le Mont-Blanc et la chaîne des Alpes et les trois lacs, ce que le téléphérique ne permet pas. Au Puy-de-Dôme, on attend 10 millions d’euros de retombées financières annuelles. Cette réalisation, du style des chemins de fer des Alpes tant appré- ciés des touristes, s’inscrirait harmonieusement dans le site, créerait une synergie avec le téléphérique et valoriserait l’en- semble des activités pratiquées au Salève. Désirer « Le Salève autrement », c’est vouloir le rendre vivant en protégeant la nature, pour le plaisir de ceux qui l’aiment.
